Histoires et ressources de vie : ils témoignent

Cette rubrique nous offre des regards croisés de personnes ayant des antécédents de cancer(s), d’aidants qu’ils soient de l’entourage proche (famille, amis…) ou d’aidants professionnels de santé voire d’acteurs de la société civile.  En toute sincérité, ils nous livrent librement leur parcours de vie. Malgré les difficultés d’ordre psychologique, sociétal, familial ou d’impact sur la santé après la phase des traitements intensifs qu’ils ont pu rencontrer ou dont ils sont témoins, ils retracent des ressources réconfortantes qui font partie de leur quotidien. Ces parenthèses de vie, ces bouffées d’air donnent toute la force à leur vie.

« Le retour au travail… avec délicatesse »

Nathalie Vallet Renart

La survenue du cancer bouscule en posant un point d’interrogation qui peine à trouver ses réponses. Soudain, notre monde devient incertain.

Il nous faut rentrer dans le monde des soins, faire confiance à une médecine dont on voudrait qu’elle nous permettre d’être « comme avant ». Il nous faut quitter notre travail, un temps, mais combien de temps ?

En marge de tout, de la vie d’avant celle que l’on connaissait, dans laquelle on avait ses repères, une autre vie s’installe. Fatigue, douleur, peur. Espoir aussi. Et l’entourage plus ou moins là. Le lien avec l’environnement professionnel rassure sur cette place que l’on voudrait tant retrouver.

Puis vient ce temps du retour au travail. On en a envie. On en a peur. Les collègues nous attendent. Pour autant, chacun a ses questions, ses doutes. Ce retour est attendu comme la reprise de la vie ordinaire, de la vie d’avant. Or cet avant n’existe plus. Sans être un autre, on n’est plus tout à fait le même. Et c’est difficile à exprimer. Il y a comme un mouvement de soi qui nous échappe mais qui vit. Et qui ne s’arrête pas le jour du retour au travail.

Ce jour-là, il faut se sentir accueilli, il faut se sentir bienvenu. Ce jour-là, les premières paroles seront gravées. Elles donneront le ton du retour. Certains seront à l’aise, d’autres mal à l’aise. L’émotion sera souvent palpable. Pour chacun. Et c’est aussi ce qui fait que nous sommes dans une communauté de travail, une communauté de vie.

Alors, soutenir la vie, lui accorder de l’importance, la reconnaître comme fragile et incertaine, et belle, et surprenante, et remplie de tant de possibles.

Nous avons à veiller les uns sur les autres, à prendre soin de la vie, quels que soient notre métier et notre fonction. Parce que nous sommes responsables de nos actions, nous sommes libres de porter attention au plus vulnérable. Et de le faire avec délicatesse.

Nathalie Vallet-Renart, Co-fondatrice et Directrice d’Entreprise et Cancer, Doctorante en éthique


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