Histoires et ressources de vie : ils témoignent
Cette rubrique nous offre des regards croisés de personnes ayant des antécédents de cancer(s), d’aidants qu’ils soient de l’entourage proche (famille, amis…) ou d’aidants professionnels de santé voire d’acteurs de la société civile. En toute sincérité, ils nous livrent librement leur parcours de vie. Malgré les difficultés d’ordre psychologique, sociétal, familial ou d’impact sur la santé après la phase des traitements intensifs qu’ils ont pu rencontrer ou dont ils sont témoins, ils retracent des ressources réconfortantes qui font partie de leur quotidien. Ces parenthèses de vie, ces bouffées d’air donnent toute la force à leur vie.
« Ma force personnelle et la rencontre de deux femmes ont mis fin à mon stress social »
Vanessa
Ma vision
« Mieux vaut être riche et en bonne santé, que malade et sans le sou »
Les répercussions vécues de la maladie
J’ai démarré ma vie professionnelle en libéral en tant qu’ostéopathe il y a 10 ans. Ma clientèle s’est constituée doucement, je n’ai pas eu à l’époque de quoi me payer une prévoyance. Et puis, peu de temps après le début de ma carrière, à 33 ans, le cancer est arrivé. Sous chimiothérapie, je n’ai jamais cessé de travailler malgré les complications tels qu’un problème pulmonaire qui engendrait une insuffisante respiratoire très angoissante et l’effort physique que me demandait le soin à porter à mes patients. Ma patientèle diminuait. Demande d’emprunt refusée, accès à la prévoyance refusé… On sent que l’on n’est pas un bon client. La maladie stigmatise très lourdement et c’est très compliqué à gérer.
Six mois après ma chimiothérapie, je suis tombée dans une situation catastrophique qui a failli aboutir à l’arrêt de ma profession et les perspectives que j’entrevoyais étaient très sombres. J’étais la « princesse de la loose » : malade, dépressive et pauvre ; pas bonne à marier ! J’ai subi un stress social alliant solitude et précarité.
Et puis, j’ai rencontré deux femmes…
Mes ressources
La chimiothérapie m’a permis de faire du tri dans ce qui me polluait à l’époque. Alors que je consultais une psychologue, elle m’a fait prendre conscience, qu’au-delà de toutes les choses liées à ma maladie, je vivais dans un contexte néfaste à ma santé, à ma vie tout simplement. J’ai pris la décision de rompre tout lien avec ma famille. Cela a été magique, salvateur. Une libération d’un poids qui m’empêchait d’avancer. Les personnes nocives écartées… le cabinet allait mieux. Je reprenais goût à faire le métier que j’adore malgré sa précarité du fait d’exercer en libéral.
C’est alors que j’ai rencontré, par chance, une deuxième femme. Je m’étais rendue chez une copine enceinte qui recevait à ce moment-là une sage-femme à son domicile. Alors que je ne la connaissais ni d’Eve ni d’Adam, au bout de quelques échanges, nous avons sympathisé et elle a décidé de sauver ma situation. Elle connaissait beaucoup de monde sur la région et m’a recommandée auprès de nombreuses personnes. Mon cabinet florissait. Deuxième libération !
J’ai attendu patiemment 5 ans, le temps de ma rémission et ai pu me lancer dans un projet de vie : acheter un appartement sans avoir recours à une assurance car je savais pertinemment qu’on me l’aurait refusée.
Mon côté battant, ma force de vie, mes recherches personnelles pour une hygiène de vie malgré le fait que j’étais épuisée lors de ma chimiothérapie m’ont orienté vers la pratique d’une activité physique intense (le yoga pour la gestion de la respiration ; le jogging, natation et ski de fond pour le cardio). A ce jour, je me sens en très bonne forme. Je ressens aujourd’hui les bienfaits que le sport m’apporte et je ne cesse d’en pratiquer.
Mon message
L’impact psychologique de la maladie est très très dur mais il faut avoir envie de se battre car la vie est faite de rencontres insoupçonnées.
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