Histoires et ressources de vie : ils témoignent
Cette rubrique nous offre des regards croisés de personnes ayant des antécédents de cancer(s), d’aidants qu’ils soient de l’entourage proche (famille, amis…) ou d’aidants professionnels de santé voire d’acteurs de la société civile. En toute sincérité, ils nous livrent librement leur parcours de vie. Malgré les difficultés d’ordre psychologique, sociétal, familial ou d’impact sur la santé après la phase des traitements intensifs qu’ils ont pu rencontrer ou dont ils sont témoins, ils retracent des ressources réconfortantes qui font partie de leur quotidien. Ces parenthèses de vie, ces bouffées d’air donnent toute la force à leur vie.
« Aider l’aidant et prendre soin de soi »
Sophie
Ma vision
La vie est belle. Il faut relativiser sur les petits maux du quotidien et profiter de tous les bons moments.
Les répercussions vécues de la maladie
Je suis fille unique et très proche de maman. On rigole bien toutes les deux. Ca fait 28 ans qu’elle a eu son premier cancer suivi de cinq rechutes. Ses RDV annuels me rappellent à l’ordre mais sinon je n’y pense pas. Ce sont des moments où un sentiment d’inquiétude me traverse car tout est possible, une éventuelle rechute… Depuis deux ans, je ne l’accompagne plus aux RDV.
Le médecin de maman m’a fait passer un test génétique en raison d’une histoire familiale bien marquée. L’attente des résultats a été très angoissante. Fort heureusement, il s’est avéré être négatif.
C’est dur d’avoir quelqu’un qu’on aime qui est malade car l’affect est fort. Parfois, j’ai le sentiment de la « brutaliser ». Elle me dit souvent que je suis « sans cœur » car je minimise ses petits bobos du quotidien tout en y étant attentive bien sûr.
Le rôle d’aidant est trop pesant, il faut pouvoir passer la main à d’autres personnes de son entourage.
Mes aides
Mon métier d’infirmière m’a aidé à ne pas tomber dans l’apitoiement. Et puis, comme je suis une battante et que j’ai une vision positive de la vie, à chaque rechute je me suis dit « on n’a pas le choix, faut y aller ».
Pour moi, il était hors de question que maman baisse les bras. Après son cancer, je l’ai motivée pour qu’elle aie une vie sociale : sortir, faire des voyages. Cela a été aussi bénéfique pour moi, de passer à autre chose.
Au quotidien, j’ai toujours été là pour l’aider notamment pour son ménage et m’occuper du jardin. Mais, avec le temps, j’avais le sentiment qu’elle en profitait de me demander toujours davantage et c’était compliqué pour moi de lui dire non. Des conflits naissaient. J’ai dit Stop. Douze ans après son premier cancer, j’ai quitté la maison pour m’installer. Maman et moi avons conjointement décidé de faire appel à des aides extérieures pour le ménage et le jardin. Nos conflits ont cessé. Maintenant, je ne profite que des bons moments avec elle. Je lui rends service ponctuellement surtout quand il faut porter de lourdes charges car elle a toujours un œdème au bras et des difficultés à respirer suite à des effets secondaires post traitement de radiothérapie. Je prends plaisir à faire ça.
Mon message
Un seul aidant, ce n’est pas possible ; plusieurs c’est bien. Je crois qu’à certains moments j’aurais aimé être aiguillée dans mon rôle d’aidante, de trouver un équilibre, savoir si je faisais bien ou mal les choses. Pourquoi pas des formations d’aidants ?
Autour de ce sujet :
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